NTIC

Traitements pédagogiques de la différence à travers

les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication.

Plan :

  1. Présentation de l'école et du matériel utilisé.
  2.  

  3. Du bilan neuropsychologique à une démarche pédagogique.
  4.  

  5. Utilisation d'Internet en classe dans le cadre du projet : "Graine de Multimédia"

 

Présentation de l'école et du matériel utilisé.

 

L'école Edouard Herriot de Lyon accueille 300 élèves environ répartis dans 11 classes primaires et 3 CLIS4. Cette importante école a depuis longtemps la chance d'être particulièrement bien équipée en informatique. Chaque classe possède son propre ordinateur (en général Pentuim, mais aussi 486 / 386 / 286) en plus d'une salle informatique comprenant 10 postes (386). La BCD est équipée informatiquement, le directeur a un poste relié à Internet.

De plus, Les 3 CLIS4 ont été équipé en février 1997 par Microsoft et Hewlett Packard de dix ordinateurs multimédia organisés en réseau relié à Internet par une ligne numéris, d�un appareil photo numérique et d�une collection de cd-rom non scolaires.

Dans les prochains mois, il est prévu en collaboration avec ces deux entreprises l'organisation de l'école en réseau à partir d'un "Terminal serveur". Cette installation permettra alors à toutes les classes, à la salle informatique, à la BCD de disposer d'une liaison à Internet et surtout permettra d'utiliser les vieux 386 et 486 comme des écrans, le serveur pilotant tous les logiciels.

 

Du bilan neuropsychologique à une démarche pédagogique

Cette expérimentation s'origine dans l'observation, réalisée par le service de l'Escale de Lyon Sud, d'une répétition d'échecs dans l'accès au langage écrit chez les enfants IMC, scolarisés en milieu ordinaire, présentant un handicap moteur souvent léger, une intelligence subnormale et des troubles neuropsychologiques. L'Escale a alors cherché une structure d'accueil permettant de mettre en place une pédagogie adaptée pour cette population tant dans les démarches que dans les outils.

C'est ainsi qu'est née une collaboration entre notre établissement scolaire l'école primaire spécialisée Edouard HERRIOTde Lyon et ce service hospitalier. Un projet de recherche pédagogique a été mis en place sur deux ans, pour des enfants atteints de troubles neuropsychologiques à dominante visuopraxique. Une convention a ainsi été signée entre l'Education Nationale et les Hospices Civils de Lyon.

 

Les objectifs :

- amener les enfants à acquérir les apprentissages de cycle II.

 

Les moyens :

- adapter les moyens pédagogiques à partir du profil neuropsychologique et d'apprentissage de l'enfant.

- élaborer et tester des outils et des démarches appropriées.

 

Les modalités de fonctionnement  :

- choix de la population avec des troubles visiopraxiques dominants

- démarches pour l'adresser à la CLIS 4

- évaluation neuropsychologique des enfants par l'équipe de l'Escale

- élaboration du projet pédagogique en leur offrant l'accès à la lecture et à la production d'écrits et secondairement un aménagement des apprentissages mathématiques.

- choix des outils avec la participation du CNEFEI pour la mise au point de logiciels adaptés.

- intervention de l'orthophoniste et de l'ergothérapeute du service de l'Escale au sein de la classe pour observer les enfants en situation d'apprentissage et proposer des stratégies de remédiation.

- réunions mensuelles de concertation entre les deux équipes pour réajuster le projet en fonction de l'évolution des enfants.

- expérimentation et amélioration des outils dont le logiciel du CNEFEI : Pictop 

 

Présentation du groupe pilote

Trois des élèves sur les quatre ayant été dans le groupe de départ de l'expérimentation, sont aujourd'hui dans ma classe. Par choix, la 1ère année (1995), la classe a accueilli un effectif réduit de 4 enfants qui s'est enrichi l'année suivante de quatre autres.

Profil des 4 enfants de la première année :

groupe des petits

 

groupe des grandes

 

Amandine, 6 ans

hémiplégique

 

Vincent, 6 ans

hémiplégique

 

Anaïs, 9 ans

diplégique

 

Samira, 10 ans

hémiplégique

 

-Dyspraxie visuospatiale

-Dysarthrie

 

-Dyspraxie visuospatiale

-Dysphasie phonologico-syntaxique

 

-Dyspraxie visuospatiale

- Dyslexie

 

-Dyspraxie visuospatiale

- Dysphasie

 

Grosses difficultés en grande section de maternelle avec un retard de graphisme

 

- Echec massif en cycle 2 avec une pédagogie classique

- Dysgraphie, dyscalculie, trouble de l'apprentissage de la lecture

Ces enfants avaient tous des troubles associés tels que des troubles attentionnels, de l'hyperactivité, des troubles de la mémoire etc.

 

Les deux hypothèses de départ :

- ces enfants cérébrolésés nécessitent une adaptation pédagogique très pointue tenant compte des résultats des bilans neuropsychologiques pour contourner les troubles et faire acquérir les apprentissages fondamentaux en s'appuyant sur les compétences préservées.

Les réponses pédagogiques retenues :
  1. Des stratégies adaptées :
  2. - approche analytique de la lecture

    - abandon de l'écriture manuelle

    - décomposition des tâches

    - renforcement du support oral par le travail de la discrimination auditive

    - adaptation de la présentation des exercices

    - apprentissage à la prise de repère.

  3. Des outils spécifiques :
* présentation de l'écran en 3 parties :

barre d'outils (gomme, espace, retour à la ligne, retour vocal ...)

items à sélectionner à la souris ou par défilement (lettres, syllabes, mots...)

éditeur où les items sélectionnés viennent se placer à l'endroit du curseur (lignes de couleur alternée)

* retour vocal par la sélection:

� de l'item

� de l'espace qui provoque la lecture du mot écrit

� de l'icône "lecture" du mot, de ligne, du texte dans la barre d'outils

 

Exemples d'exercices sur PICTOP :

 

 

 

 

 

 

Exemples d'adaptations pédagogiques en fonction des difficultés d'apprentissage.

situation d'échec

 

troubles responsables

 

remédiations pédagogiques

 

confusions de lettres dans

leur forme

 

h, n, r,

ou dans leur orientation

 

a et e,

 

u et n,

p,d,p,q

 

 

-perceptif et gnosiques visuels

-pauvreté de l'image mentale

- retard d'acquisition de la pertinence de l'orientation ou de la rotation de la lettre.

 

-une seule graphie : scripte ciblée (a et non a) et uniforme.

- verbalisation de la forme de la lettre.

-association image-mot-lettre,

-retour vocal de la frappe

  •  
  • trait à la base de la lettre mobile

 

  • l'ordinateur place toujours la lettre dans le bon sens.

 

 

pas de prise d'indice en lecture globale

inversion des lettres dans le mot, oubli

 

 

 

spatiaux-temporaux

dyspraxie visuospatiale

 

travail sur les silhouettes

verbalisation de la configuration du mot

retour vocal

 

pas de segmentation de la trace écrite en "unité mot"

oubli des espaces entre les mots à l'écrit.

 

Dyspraxie visuospatiale et trouble de coordination vision centrale et périphérique.

 

 

Entourer les mots dans la phrase, accentuer l'espace entre les mots (espace double ou triple)

Elément "espace" dans les lettres mobiles.

La fonction espace dans Pictop entraîne la lecture du mot qu'on vient d'écrire

sur l'ordinateur 

 

 

Perte des repères dans les

changements de plans : tableau - cahier

écran - clavier

ou dans les changements de ligne.

 

 

Mauvais ciblage des saccades visuelles

 

Avec clavier à l'écran ou les étiquettes qu'on prend avec la souris on reste sur un même plan de travail vertical

Changement de couleur à chaque ligne dans la partie réalisation de Pictop

 

 

Autocorrection impossible de la réalisation effectuée en lecture ou en écriture.

Pas d'ancrage possible des acquis

 

 

 

Le retour vocal après chaque frappe de lettre, la relecture par Pictop du mot ou de la phrase permet de valider la réalisation.

 

Faible empan visuel en lecture

 

 

 

 

 

Textes clairs, courts, mots à syllabes simples et peu nombreuses dans un premier temps.

Suivre avec un cache.

Résultats

L'effectif très réduit de la première année a permis de prendre le temps d'analyser cette action, de cerner le profil cognitif de chacun des enfants et de connaître les potentialités, les difficultés qui vont être un frein pour les apprentissages ultérieurs.

Les enfants ont passé le cap où ils étaient en échec, ils se sont appropriés (+ ou -) des stratégies qu'ils peuvent réutiliser dans des situations nouvelles.

Les 4 enfants du début de l'expérimentation ont dépassé les apprentissages de base.

 

Amandine a pu être intégrée à temps partiel dans un CE1 ordinaire en 1996 et est aujourd'hui intégrée complètement dans un CM1 ordinaire de l'école.

 

Vincent, pour qui les troubles étaient très importants n'aurait jamais pu suivre un CP ordinaire et même s'il aura vraisemblablement toujours besoin d'une structure adaptée il est actuellement capable de lire, d'écrire et de comprendre les notions de grammaire. Aujourd'hui son niveau oscille entre le CE2 et lCM1.

 

Samira et Anaïs, étant donné leur important retard en âge, ne pourront que très difficilement rejoindre un cursus ordinaire. Cependant, elles suivent aujourd'hui un niveau CM2 dans un CEM de Lyon avec des conditions de travail plus traditionnelles (elles ne se servent plus du retour vocal, et beaucoup moins souvent du traitement de texte). Anaïs a même de fortes probabilités pour l'année scolaire 2000/2001 de rejoindre une 6ème adaptée.

 

Les Conclusions :

- Cette expérience a permis de valider les stratégies pédagogiques définies dans les hypothèses puisque les résultats globalement sont positifs. Cependant des limites existent : elles sont difficilement applicables à une classe ordinaire car l'enseignement doit être très individualisé, ce qui suppose un effectif plus faible. Le rythme de travail est également un frein car il est souvent beaucoup plus lent.

- La collaboration entre notre école et le CNEFEI a abouti à la mise au point d'un outil particulièrement adapté pour ces enfants atteints de dyspraxie visuo-spatiale : un logiciel générateur d'exercices et un traitement de texte à retour vocal "Pictop".

 

 

Utilisation d'Internet en classe dans le cadre du projet : "Graine de Multimédia"

 

Le projet " Graine de multimédia "

Dans le cadre du programme européen " la route du futur ", une expérimentation grandeur nature a été mise en place : équipement gratuit de 12 classes représentatives de la diversité française. Dans le désordre : école ouverte, école d�application, CLIN, classes en ville ou en banlieue, classes rurales, à la mer, à la montagne, ou en CLIS� comme à Lyon.

A quoi nous sommes-nous engagés par rapport à nos partenaires ? A rien ! A essayer d�utiliser au mieux tout ce beau matériel dans le cadre des programmes de l�école élémentaire. Voilà un bel exemple de coopération entreprise privée / Education Nationale.

 

Faire pour de vrai

Il est évident que élèves et enseignants sont motivés par l�utilisation d�un matériel aussi médiatisé, mais ce qui paraît le plus important, c�est qu�à l�école on ne fait plus de l�exercice pour de l�exercice, on ne travaille plus pour avoir de bonnes notes ou pour savoir faire des choses plus tard, quand on sera grand, on peut immédiatement agir et être acteur dans le monde moderne. Il n�est question que de s�insérer dans notre société, en y prenant une place.

 

On lit pour trouver une information et répondre à ses questions, pour transmettre oralement à l�ensemble de ses camarades un message qu�on va envoyer ou qu�on a reçu, confronter des idées � et aussi pour se faire plaisir à l�occasion de jeux de mots, de recherches sur des textes, de lectures plus ou moins partagées (défi lecture par exemple) �

 

On écrit pour communiquer avec les autres, que ce soit directement par courrier, ou plus largement pour relater des découvertes sur journal local ou sur journal multimédia sur Internet, ou encore s�exprimer par les jeux de langue et la poésie �

 

On accède à la culture pour essayer de comprendre le monde qui nous entoure, qu�il soit familier ou plus lointain. Alors on se plonge dans la documentation, dans les archives, dans les cartes, dans les enregistrements audio et vidéo ; alors on fait de l�histoire, de la géographie, de l�éducation civique, des sciences physiques et naturelles ; alors on se plonge dans les programmes, non pour les programmes, mais parce qu�on a besoin de ces clefs pour appréhender le monde extérieur.

 

Donner du sens aux apprentissages

Les élèves, par leur confrontation avec la vie de tous les jours et avec les autres, savent à quoi sert l�école, que celle-ci n�est certainement pas une fin en soi, mais un outil qui leur est offert pour qu�ils aient les moyens d�agir sur le quotidien, sur leur quotidien.

A nous enseignants de ne pas décevoir leur demande, de les aider sur le chemin de la réussite (dont ils connaissent enfin les critères), de les guider et de surmonter avec eux les difficultés de la maîtrise de la langue et de l�insertion dans notre société. C�est tout un programme !

 

Outil pour les disciplines " scolaires "

Le maître et les élèves se servent de l�ordinateur comme du cahier, du livre, de la télévision ou du tableau : un outil parmi d�autres. L�enseignant est là pour guider, organiser les apprentissages, non pas de l�informatique, mais des différentes disciplines du programme.

Aucun élève n�est en situation d�échec, car il connaît les critères de réussite. Il ne suffit plus que d�aider à construire les apprentissages, à conseiller, à expliquer, à mettre en confiance, à consoler, à féliciter, et quelquefois réprimander, toujours encourager � bref, être à l�écoute de chacun.

L�utilisation de ces technologies apparaît comme un formidable outil permettant l�indispensable cohérence entre ces différentes disciplines qui s�éclairent d�un intérêt nouveau, pour ne pas dire universel (Internet oblige !)

 

Compétences transversales

L�acquisition de l�autonomie, la construction de la personnalité, le désir de connaître et l�envie d�apprendre sont quelques exemples des attitudes attendues à la fin de la scolarité élémentaire.

La communication véritable encourage et motive de façon considérable les enfants. Les activités effectuées autour du traitement de l�information a amené chacun à devenir exigeant quant à l�organisation et la présentation de son travail.

Plutôt que de juxtaposer les enseignements disciplinaires, cette façon de travailler favorise la mise en �uvre de démarches faisant appel à toutes les disciplines pour construire et conforter les apprentissages. Les activités sont diversifiées et concourent au même objectif.

Clef d�accès à la vie, à la liberté de réflexion et d�expression, moyen privilégié de la communication, la maîtrise de la langue est au c�ur des apprentissages.

C�est la compétence transversale fondamentale.

 

En guise de conclusion

On pourrait faire remarquer que toutes les activités décrites ne sont pas vraiment novatrices par rapport à ce qui peut se faire sans ce coûteux matériel. Ce doit être vrai.

Pas de révolution, une évolution, un mieux être élève, une ouverture de l�école sur le monde...

 

Les temps forts pour l'année scolaire 1999/2000 :

A partir d'une expédition au Maroc dont l'objectif était de tenter l'ascension d'un sommet de l'Atlas avec mes élèves, nous avons animé en direct un site Internet permettant à des classes de toutes la France de nous suivre, de nous poser des questions instantanément, de lancer un défi d'écriture.

URL http://www.evasionv.com

 

 

 

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